Cela faisait bien deux bonnes heures qu'il avait quitté le groupe et avançait tranquillement vers la vallée de San Fernando, jusque là du reste rien n'avait semblait annoncer le moindre risque et il avait laissé des marques de son passage à intervalles réguliers à l'attention de ses partenaires, ainsi Jaime notamment saurait avertir les autres que la voie était libre. Il marchait sur une crête longeant la route principale, cela lui permettait à la fois d'avoir une meilleure vue sur les environs mais aussi et surtout de ne pas attirer l'attention sur un homme seul évoluant au centre de la bande d'asphalte. Il avait prit en horreur ces route de l'ancien temps, la Horde chassait beaucoup trop souvent en se basant sur ces axes de déplacement. Il avait vu de ses yeux, nombre de nomades se faire prendre par les tueurs simplement parce qu'ils avaient pensé qu'il serait plus simple de suivre le tracé des routes pré-apocalypse. Les tueurs fondaient sur eux comme des oiseaux de proie, de toute part ils arrivaient et encerclaient les nomades avant de les soumettre pour les trainer vers les enclos... du moins ceux qui avaient le malheur de survivre à l'assaut. Et le son de cette conque résonnait contre les crête pour annoncer le début de la traque, mais plus encore dans son propre esprit, ce son serait définitivement associé à l'idée de mort certainement jusqu'à la sienne qu'il espérait ne pas avoir lieu au son de cet instrument...

Il se souvenait de la première fois qu'il avait mené un groupe de la sorte hors des fortifications de l'Abri, cela avait été son pire souvenir... la découverte émerveillée de la surface, du ciel, du soleil. Mais très vite les crânes sur leurs piques comme des avertissements, avertissements qu'ils auraient dû suivre, qu'il aurait dû suivre ! Tony avait pourtant assez soutenu qu'il s'agissait là d'une mauvaise idée, qu'il ne fallait pas qu'ils s'approchent plus des camps tribaux, mais dans sa vanité Leto n'avait pas écouté, il s'était drapé dans son arrogance et avait mené les siens vers la mort comme l'on mène du bétail à l'abattoir. Il n'aurait su dire si Tony lui en voulait encore, ni même s'il s'en souvenait du reste, les rares fois où il croisait la Fouine depuis quelques temps c'était devant chez lui, le vieux garde de sécurité se tenait généralement à moitié ivre dans l'encadrement de la porte de la cabane de Leto et l'observait sans rien dire. Cela pouvait être déstabilisant en temps normal mais ça l'était d'autant plus que le personnage le plus charismatique de la Cité ne portait que très rarement de pantalon dans ces occasions. Lorsque Leto lui en faisait la remarque Tony semblait à peine le remarquer et repartait vers sa taverne en ronchonnant. Ils avaient pourtant étaient très amis avant que la sortie ne vienne tout détruire, bordel le vieux Tony avait été pour ainsi dire ce qui s'approchait le plus de son meilleur ami avant que tout cela n'arrive ! Désormais il ne parlait pour être franc à quasiment personne à la Cité à part Ezio avec qui les discussions restaient limitées et si on exceptait ses rencontres avec des nomades ou la jeune femme qu'il retrouvait régulièrement non loin du lieu où il était actuellement il n'avait quasiment aucun contacte avec d'autres êtres humains, il n'avait même pas eu le courage de renouer contacte avec Chloé...

En arrivant à l'embranchement qui conduisait irrémédiablement vers la vallée, Leto posa une nouvelle marque au sol avant de repartir dans le sens inverse. Il ressentait le besoin de parler avec quelqu'un, il ne pouvait pas devenir comme Ezio, un animal traqué, incapable de faire confiance ou de se livrer. Et même s'il n'en avait pas encore une parfaite connaissance il se doutait que ses pas le menaient directement vers Chiara. Même si cette dernière avait la capacité incroyable de le rendre dingue en quelques phrases il avait envie de partager un peu du chemin avec la petite brune. Après elle était ce qui approchait le plus d'une amie pour lui parmi les habitants de la Cité, car il ne pouvait concevoir que partager la demi nudité d'un propriétaire de bar ivre avait quelque chose à voir avec l'amitié désormais... Il rejoint facilement le convoi principal et Dieu que Ezio avait raison, ils se déplaçaient avec un bruit qu'on pouvait percevoir de plusieurs centaines de mètres si l'on savait écouter. Il avait dû courir pour rejoindre le groupe mais était quasiment certain d'avoir même alors fait moins de bruit qu'ils n'en faisaient en marchant simplement, la manière dont leur pieds heurtaient le sol, le fait qu'ils ne le fasse pas de manière à déplacer le moins de débris possible, que ce soit gravillons ou branchages, ils marchaient comme si cela était la chose la plus mécanique qui soit, aucune recherche de silence dans leurs déplacements...

Il situa très vite McKelly un peu en arrière du groupe centrale formé par les scientifiques, porteurs, Gretsky et Basinsiky. Leto se laissa alors descendre de la crête de manière à l'aborder par le coté. Son maudit chien l'accompagnait, le traqueur avait plus ou moins un mauvais feeling avec ces animaux et il ne lui prêta donc aucune attention et régla son pas sur celui de son ancienne rivale en gardant toutefois à l'esprit la manière de marcher que Ezio lui avait enseigné, celle du déplacement silencieux. Il n'avait de fait quasiment plus besoin de le faire volontairement son corps avait prit cette procédure comme quelque chose de naturel désormais et il s'adaptait au terrain sans qu'il ait à y penser de manière consciente.