ETUDE COMPORTEMENTALE

1 Le sujet seul au quotidien – Ruines.

Les nerfs à fleur de peau, hein ma biche ?

« Je vous hais, tous autant que vous êtes. Toute mon âme crache sur vos noms et vos races, tout mon être n'aspire qu'à vous détruire, chaque parcelle de mon corps répugne à vous approcher, mes yeux sont écœurés à votre vue. Je vous hais, tous. Ne m'approchez pas, ne me regardez pas, ne me parlez pas, ne me touchez pas. Je vous tuerai pour cet affront. »

J-1 : Prudence.
Le sujet se déplace dans les ruines, cherchant objets à revendre ou denrées utiles. Elle se meut souplement avec une extrême minutie, s’alertant à chaque ombre mouvante, à l’affut, guettant le moindre bruit suspect… Une erreur peut-être fatale. Elle est la biche farouche qui lève hâtivement la tête au moindre changement de vent, se braque à chaque fait anormal et couve précieusement sa vie, ne tentant pas le diable.

J-2 : Peur.
Le soleil plombant le ciel dégagé d’aujourd’hui semble l’effrayer. Elle se cache sous un reste de ruine, comme chaque nuit. Sansa Tyrell est agoraphobe : le ciel infini l’inquiète, un toit sur sa tête la rassure. Rien ne trahit sa peur si ce n’est sa sédentarité du jour, elle à l’œil sévère et est aussi tendue que d’habitude. A peine plus.

J-3 : Nervosité.
Habile pour relever les traces, le sujet semble avoir décelé le passage récent d’un petit groupe humain. Elle a redoublé de vigilance, plus farouche et déterminée que jamais. Jolie biche prête à se fondre dans ses sous-bois ou faire face et fronder si le combat s’impose, vendant chèrement sa peau. Elle est agacée de voir son quotidien troublé, courroucée par cette angoisse qui la tenaille et qu’elle enfouit sous une hargne vénimeuse et teigneuse.

BILAN : Paranoïaque à tendance agoraphobe, Sansa Tyrell est toujours sur le qui-vive, emplie d’une hargne de vivre qui lui donne un excellent instinct de préservation. Effrayée aisément, son courage n’en est que plus remarquable.

2 Le sujet au contact...

Quel beau masque boréal tu gardes là, petit fauve...

a)... d'inconnus

J-4 : Calcul.
Le groupe repéré la veille est à porté de vue. Elle les épie depuis déjà deux heures. Elle les a suivit : besoin d’informations. Tapie dans un recoin, elle les observe avec une attention glaciale, enregistre le moindre renseignement pour savoir si les trois personnes qui installent un camp de fortune devant elle sont dangereuses ou abordables. Elle finit par se montrer et reste très professionnelle : il ne faut pas les effrayer et leur soutirer ce qu’elle veut savoir. La discussion est brève. Elle repart, forte de nouvelles données.

J-5 : Trouble.
Depuis sa rencontre avec les nomades, le sujet est un peu ébranlé. Toujours prudente, on la trouve toutefois rêveuse de temps à autres, son visage si impassible emprunt d’un dégoût et d’une tristesse certaine.

J-6 : Regain.
Le trouble est rapidement passé : elle ne peut se permettre de se laisser abattre. Elle n’aime pas être seule, elle en devient folle. Trop entourée pourtant, elle se sent en danger. Sansa reprend efficacement ses activités ; ne jamais s’apitoyer sur son sort, ne jamais s’attarder dans les larmes. Il faut avancer, toujours. Son oncle reviendra bientôt, de toute façon.

BILAN : Sansa est un petit fauve blessé. Superbe, fière, intelligente et efficace, sa tête haute et ses griffes aiguisées masquent une profonde et sanglante blessure qui l'étouffe jusqu'au suffoquement. Elle ne se démontera pourtant jamais.

3 Informations complémentaires sur le sujet.

Oh le vilain vilipendant vengeur volatile que voila ~

Au sein de la horde, une nouvelle âme prenait place. Une Tyrell, née d’une étincelle d’amour dans une brève illusion de joie. Un mirage paradisiaque voilant un rougeoyant enfer. Sansa Tyrell. Une toute jeune louve dans cette meute dénaturée. Une nouvelle mangeuse d’homme.

« Prend ma part San, je n’ai pas faim ma puce… »
En dépit de tout, on peut aisément le dire : l’enfance de Sansa ne fut qu’un joli fleuve tranquille, cascadant avec souplesse et vivacité entre les rochers, s’égayant dans son cours, chantant la vie et rebondissant sur les obstacles, éclaboussant de fraicheur les alentours.
Elle avait tout pour être heureuse : deux parents bien vifs, un oncle amusant… Les trois lui prodiguaient tout l’amour qu’une petite morveuse pouvait réclamer et la maintenaient loin de l’inhumanité guettant la horde. Elle mangeait à sa faim, même si l’on devait se priver pour elle, et dormait d’un sommeil paisible, pas encore agité par les troubles de la conscience, loin des heurts de la vie. Certes il y avait des hauts et des bas, des périodes de froids, des périodes où elle avait un peu faim, d’autres où l’un des membres de sa familles semblait terriblement souffrir... Mais tout rentrait toujours dans l’ordre. Non, la vie n’était pas « simple », mais elle n’eut jamais de quoi réellement se plaindre.

[Contexte : Eres, voleur de profession, s'ennuie à mourir en ce mois de novembre où tous les pigeons potentiels se blotissent au coin du feu. Il déambule dans les rues de la ville en échaffaudant un mauvais coup pour egayer son hiver alors que ses pas le mènent au Domaine de la riche Chazera Ohnelli, jeune femme au don de change-formes -elle opère d'ailleurs une métamorphose en lièvre devant lui- réputée démente. Alors que tout deux palabrent, Eres empruntant largement les accents de l'ironie, la bourgeoise eut le goût de gifler le garnement...]



Elle l’avait… Elle l’avait giflé. Elle, l’inconnue, la fille tordue, l’anonyme jusqu’à hier, l’hase tarée, l’ignorée depuis toujours… Elle l’encore insignifiante, la rencontre toute neuve, la coïncidence d’un jour… Elle l’avait giflé.

« Je ne suis pas un monstre de foire, si c’est à ça que tu t’attendais, monsieur Cheveux-D’Or ! »

Ah non ? Pas un monstre de foire ? Par tous les Dieux et leurs putains !! Qu’est-ce que c’était alors ? Une femme ? Ah ça en avait bien les formes et les attraits mais c’est tout ce que ça en avait !

« Mais quelle garce… » murmura Eres, un fort accent courroucé dans la voix.

Oh l’effronté larron s’était déjà fait souffleté maintes fois par la gente féminine mais en général, il y avait une raison à la clef… Nom du bordel privé d’Ada, où elle était, là, cette raison ?? Cette peste l’avait frappé de façon tout à fait arbitraire ! Pour le bon plaisir de dire qu’elle était complètement barrée, qu’elle aimait ça et prouver l’exact contraire de ses paroles ? Pas que ça faisait grand mal -d’abord si, cette maudite lapine était en plus une vraie brute-, il avait déjà vécu bien pire mais c’était surtout injurieux ! Où pensait-elle avoir acquis le droit de le frapper ? Qui croyait-elle donc être pour oser porter sa petite main bourgeoise sur Eressëa Sùlë Hravan ? Qui lui avait-elle donné cette éhontée assurance ?

Eres n’avait pas bougé, éberlué… Cette baffe n’était rien à côté d’autres traitements qu’il avait pu subir -notamment en compagnie d’une barge aux mains d’acier- par contre c’était tout à fait inattendu. Il n’essaya pas spécialement de donner une explication logique au fait qu’en l’affublant du sobriquet « hase » elle avait sourit de plaisir alors qu’au compliment -certes bien trempé d’impudence- elle l’avait giflé ; elle était folle… Non ? Elle était folle et avait tenu à le prouver. Fort bien, la crapule n’était pas contrariante ; il la traiterait en tant que telle.

Chazera revenait, finalement. Son offense n’avait point duré plus d’une poignée de seconde… Eres esquissa un rictus effroyablement mauvais que l’affreux charme de l’insolence embellissait jusqu’au paroxysme de l’effronterie enjôleuse. Visiblement, elle n’était pas de ces dames avec lesquelles le voleur faisait un effort de courtoisie… Non ? Tant pis… Tant mieux. La fête n’en allait être que plus belle…
Il s’arracha à cette contemplation vitreuse de la route qui voilait son regard et tourna enfin son attention sur l’immonde cinglée qu’il désignait dès lors comme un défouloir potentiel. Une attention incendiaire, vibrante d’une délectable colère ludique et froide. Froide oui, Eres charriait les glaces. Il posait sur la damnée hybride animale deux cristaux polaires d’un calme boréal…

« Jouons à chat ! »

Quels charmants accents mutins et tendancieux… Suintant une insanité délicieusement malsaine… Alors il l’intéressait finalement, le monsieur cheveux d’Or ? Eres lui décocha un sourire machiavéliquement méprisant, de celui que l’on offre aux gueux mendiants dans les rues et dont on se moque des haillons avec une hauteur arrogante et raillarde. Il la salua donc de cet élan de dédain pur et insultant puis… Lui tourna ostensiblement le dos, faisant mine de lui glisser entre les doigts, de cracher sur son invitation, de s’en aller, lassé. Il fit quelques pas puis... Il s’arrêta et leva sa tête blonde vers le ciel, inspirant profondément avant de faire volte face, son sourire frondeur toujours aux lèvres.

« Tu veux jouer, mon lapin… ? » fit-il d’un ton crissant sous une insolence insoutenable.

Il eut un sifflement goguenard.

« A chat ? »

Clairement, il se fichait ouvertement d’elle et de son excitation puérile. Il ne savait pas exactement ce que signifiait « jouer à chat » pour Chazera Ohnelli. Ce qu’il savait en revanche, c’est qu’il avait besoin de la faire souffrir. Sans doute une femme croisée dans la rue qui aurait agi pareillement n’aurait eu en réponse qu’un baiser volé, histoire de justifier le soufflet, mais là… Ce n’était pas une femme, c’était un "monstre de foire"…

« Et ferais-tu la souricette ondoyante et maligne ou le fourbe et monstrueux matou ? » demanda-t-il d’un ton qui signifiait très clairement qu’il n’entrait pas encore dans son délire mais lui octroyait sérieusement le second qualificatif.

Sans doute était-ce en écho à cette démence qui irradiait de sa vis-à-vis… Mais Eres avait terriblement envie de jouer avec elle, lui aussi… Il eut un soufflement indulgent puis l’allumant littéralement du regard :

« Comme tu voudras, ô créature infâme. Qu’offres-tu pour le vainqueur… ? »

C’était de ce ton transpirant l’injure, l’insulte, l’affront qu’on entendait rarement dans la bouche pourtant si prompt à l’outrage du vaurien. C’était avec ce regard glacé voilant une violente ébullition qu’on lui connaissait à peine. Ce n’était pas tout à fait lui. Mais ça en faisait intégralement partie.

Tu as faim, mon joli fauve… ?

Tu me veux comme amuse-gueule… ?

Viens… J’ai tellement mieux pour te rassasier…